Actions volontaires
Alerte au Fosétyl-Al dans les Charentes
Mai 2025
Du Fosétyl-Al, matière active utilisée pour les traitements fongicides en viticulture notamment, est retrouvé dans les eaux superficielles du bassin versant de la Charente. Or, l’eau du fleuve Charente est utilisée pour l’alimentation en eau potable d’une partie de la Charente-Maritime. Le Fosétyl-Al n’a pas la possibilité à ce jour d’être retenu au niveau des usines d’eau potable ce qui oblige à traiter le problème en amont.
Pour limiter au maximum les transferts de Fosétyl-Al vers les eaux, une vigilance accrue doit être portée par la profession viticole quant à l’utilisation des produits qui en contiennent.
Les points d’attention à avoir en tête :
⇒Je respecte strictement les instructions de l’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) des produits utilisés et notamment :
- la dose maximale autorisée,
- le nombre maximum d’applications,
- la largeur de la Zone Non Traitée (ZNT) et du Dispositif Végétalisé Permanent (DVP) le cas échéant.
⇒Je n’applique pas de produit sur le réseau hydrographique/les fossés ni à l’extérieur de mes parcelles. Dans cet objectif, je traite avec du matériel en bon état (contrôle technique à jour), homologué pour réduire la dérive de pulvérisation et dans de bonnes conditions (vent inférieur à 19 km/h, pluies). Le saviez-vous ? Un agriculteur qui applique un produit phytopharmaceutique avec un pulvérisateur dont le contrôle technique n’est pas à jour est passible d’une amende même si un rendez-vous est pris pour réaliser le contrôle.
⇒Je protège les cours d’eau/fossés par une bande enherbée de 5 m de large et, quand la réglementation l’impose, par un DVP. Pour rappel, un DVP (Dispositif Végétalisé Permanent) est une zone non traitée en bordure de point d’eau dont la largeur incompressible est indiquée dans l’AMM des produits phytopharmaceutiques utilisés sur la parcelle. En viticulture, un DVP comporte une haie arbustive sur au moins une partie de sa largeur et un couvert herbacé sur le restant. Le DVP n’est pas la culture en place.
⇒Je veille au bon état des DVP qui bordent les points d’eau. La couverture du sol doit être homogène sur toute leur largeur.
⇒Dans la mesure du possible, pour les parcelles adjacentes à un cours d’eau/fossé, je limite au maximum l’utilisation de produits contenant du Fosétyl-Al.
⇒Je gère mes effluents phytosanitaires de manière conforme à la réglementation et préférentiellement sur une plateforme de lavage avec récupération et traitement des effluents phytosanitaires dans un dispositif agréé. Je ne lave pas mon pulvérisateur à proximité d’un point d’eau, fossé, caniveau…
⇒Je ralentis l’écoulement de l’eau en enherbant les inter-rangs et les chaintres/tournières. J’implante des haies perpendiculaires au sens de la pente.
L’utilisation de produits à base de Fosétyl-Al est menacée dans le vignoble des Charentes par l’enjeu d’alimentation en eau potable. L’absence de solution de traitement pour le Fosétyl-Al à l’aval de la filière d’approvisionnement en eau potable contraint à la mise en place d’actions auprès de la profession viticole. Un plan d’action est actuellement travaillé par le BNIC et sera prochainement mis en place. Les points ci-dessus sont donnés dans l’attente de ce plan d’action. Ils n’en sont pas issus.
Les 5 commandements du désherbage avec DMTA-P
Avril 2025
Avec le retrait des produits à base de S-métolachlore, les solutions de désherbage chimique sur maïs, sorgho, tournesol se réduisent renforçant les risques de résistances des adventices et de pollution des eaux. La construction d’une stratégie de désherbage basée sur l’activation de leviers non-chimiques, la caractérisation de la flore adventice présente sur les parcelles, le choix des matières actives utilisées, la localisation des parcelles est primordiale pour avoir un désherbage durable et efficace.
Les produits à base de S-métolachlore avaient une place importante dans le désherbage du maïs contre les graminées estivales et le ray-grass. Son retrait va entraîner un usage accru de DMTA-P qu’il convient de raisonner convenablement pour ne pas le retrouver dans l’eau et maintenir son usage. A noter que le DMTA-P peut également être utilisé pour le désherbage du sorgho, du tournesol, du colza et de la betterave. C’est donc à l’ensemble des acteurs de ces filières d’adopter une gestion responsable.
1 - Des leviers non-chimiques tu enclencheras pour réduire la pression en adventices
Quel que soit la culture, le désherbage chimique est confronté à une perte d’efficacité liée au phénomène de résistance des adventices. Cette perte d’efficacité oblige à la mise en place de leviers non-chimiques pour réduire la pression. Un ensemble de leviers alternatives et complémentaires à la lutte chimique est listé dans le tableau ci-dessous :
Rotation | Alternance des périodes de semis des cultures (automne, hiver, printemps) |
Délai de retour de chaque culture de la rotation | |
Semis | Décalage des dates de semis |
Alternance des méthodes d’implantation | |
Préparation du lit de semences | |
Densité de semis - Ecartement inter-rang | |
Choix variétal | |
Provenance des semences | |
Interculture | Faux semis |
Amélioration de la couverture du sol | |
Labour occasionnel - Allongement du délai de retour du labour | |
Itinéraire technique | Plantes compagnes/cultures associées |
Fertilisation localisée | |
Interventions de désherbage mécanique (pour aller plus loin sur ce thème) | |
Récolte | Nettoyage de la moissonneuse-batteuse – Broyage des menues pailles – Ordre de récolte des parcelles |
Paysage | Gestion des bords de champs |
2 - En cas d’intervention chimique, caractériser la flore et la pression en adventices tu devras
Le DMTA-P étant principalement efficace contre les graminées, il est utile dans les situations de forte pression graminées. Il faut donc évaluer la pression en graminées pour voir la pertinence d’utiliser cette matière active. Pour des pressions faibles à modérées (20 à 50 graminées/m²), le DMTA-P peut être remplacé par d’autres matières actives qui pourront assurer le désherbage de pré-levée. Pour des pressions supérieures à 50 graminées/m², le DMTA-P sera utile au désherbage mais sur graminées non levées ou très jeunes.
3 - Le(s) bon(s) produit(s) tu choisiras
Pour limiter les risques de sélection de résistance, il convient d’alterner les modes d’action des herbicides à l’échelle de la rotation. Les modes d’action des herbicides ont été classés (classification HRAC) pour faciliter ce choix. 2 produits différents avec 2 matières actives différentes peuvent avoir le même mode d’action. L’usage répété de produits avec le même mode d’action va sélectionner les adventices résistantes à ce mode d’action en tuant les autres adventices.
D’autres conditions d’emploi vont contraindre le choix des matières actives et des produits utilisés en fonction des parcelles : drainage, zones non traitées (ZNT) et dispositifs végétalisés permanents (DVP) en bordure de points d’eau, fréquence d’application…
4 - Avec la bonne dose et dans de bonnes conditions tu interviendras
Pour tous les hectares désherbés avec du DMTA-P, la quantité est limitée à 864 g/ha/an.
Sur les aires d’alimentation de captages prioritaires, la dose est limitée à 1152 g/ha sur 2 ans (sans pour autant dépasser 864 g/ha/an).
Pour réduire la dérive de pulvérisation, il faut traiter dans des conditions optimales et utiliser des buses à injection d’air homologuées dans la plage de pression adéquate.
Une bande tampon de 5 m de large est présente le long du réseau hydrographique pour réduire les transferts possibles.
Les applications sur parcelles drainées sont déconseillées en période de drainage.
Dans tous les cas, les prescriptions de l’AMM doivent être respectées.
5 - Tes effluents phytosanitaires conformément à la réglementation tu gèreras
En fin de traitement, les rinçages et lavage du pulvérisateur sont réalisés de manière conforme à la réglementation pour éviter les pollutions ponctuelles (http://oad.arvalis-infos.fr/fondcuve/). Les emballages vides de produits herbicides sont ouverts, rincés, égouttés avant d’être mis en sache (sans bouchon ni opercule) et rapportés lors des collectes ADIVALOR. Les bouchons et opercules sont mis dans le même sac que les boîtes et sacs de produits phytopharmaceutiques.
Pour aller plus loin sur l’utilisation durable du DMTA-P : Plaquette BASF « Désherbage durable avec le DMTA-P : tous concernés ! »
Plaquette BASF « Désherbage durable avec le DMTA-P : tous concernés ! »